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En 1968, loin des pavés et de la rumeur parisienne, une très belle cérémonie eût lieu sur la lande de Mézières sur Couesnon, à l'endroit même où se déroula la bataille de 1488. Cette année là, le Congrès Celtique International se déplaçait en Bretagne pour y tenir sa réunion annuelle. Durant son séjour en Armorique, le Congrès voulu honorer et rendre un hommage solennel aux combattants de l'armée bretonne, tombés à Saint Aubin du Cormier pour la défense de la nation bretonne.
Per Denez fut témoin de l'émouvante cérémonie qui se déroulant à cette occasion, en ce lieu de mémoire. Nous reproduisons fidèlement ici sa lettre témoignage, adressée à Jean Loup Le Cuff, président de MAB et leader du collectif de défense.


23.1.04

le Bagad de la Lande d'Ouée devant le Mémorial aux Bretons - 1968.
Mon cher Jean-Loup Le Cuff -

Je viens de retrouver cette photo. Je pense que tu seras heureux de l'avoir. Si tu le désires, tu peux la publier. J'aimerais même beaucoup que tu la publies dans un prochain bulletin, elle rappellera un grand moment à St Aubin du Cormier, devant l'ancienne croix qui marque, sur le champ de bataille, le souvenir de nos morts. Voici dans quelles conditions la cérémonie eût lieu.

Ce fut à l'occasion du Congrès Celtique International de Fougères. Un repère pour le fixer dans le temps : il eût lieu en 1968, au moment même où les tanks russes s'emparaient de Prague et mettaient fin à son Printemps. Un autre souvenir pour moi : l'arrivé d'une centaine de jeunes gallois, avec des drapeaux au dragon rouge flottant partout sur les voitures. C'est à cette occasion que Dafydd Iwan - aujourd'hui président du Parti National Gallois, Plaid Cymru, chanta en Bretagne pour la première fois, prélude à de nombreuses visites. Il y eût une belle mobilisation à Fougères pour accueillir les représentants des nations celtes. Et à cette occasion j'ai pu remarquer combien le sentiment breton était, à Fougères, ancré dans l'histoire.

Évidemment, une cérémonie sur la lande de la Rencontre s'imposait. J'eûs l'idée de demander au Bagad de la Lande d'Ouée de rendre les honneurs. Je me rendis au camp pour rencontrer le pennsoner, le Lieutenant Lescalier - j'aimerai que l'on se souvienne de ce nom - il accepta d'emblée mais, assurément, devait demander l'autorisation du commandant du camp, et il m'emmena dans divers bureaux pour que j'expose le projet. Je circulais avec lui dans un command-car arborant, sur une longue antenne, un gwenn-ha-du. Le Bagad fut autorisé à participer. Je notais combien le sentiment breton était fort au camp, et un groupe d'officiers, évidemment en retraît, assista à la cérémonie. L'arrivée du Bagad fut un moment d'intense émotion. Je n'ai plus le souvenir des airs donnés pour le Bagad - j'en discutai avec le Lieutenant Lescalier - et je crois que le "Salut aux Morts" fut celui écrit par Polig Monjarret. Le Général Vallerie rappela le déroulement de la bataille et au nom de la délégation irlandaise c'est le colonel commandant les troupes de l'ONU au Congo qui parla. Je pense que le Bagad resta jusqu'au Bro Gozh final.

Existe-t-il encore des films de cette cérémonie. La "couverture médiatique", comme on dit, fut bonne. Et Paris-Match envoya un photographe. Hélas dois-je dire. Ce fut un mini-séisme à Paris dans les hautes sphères et Michel Debré piqua une belle colère. Le Lieutenant Lescalier fut sanctionné et transféré à Tahiti et le commandant du camp prié de veiller à ce que les couleurs bretonnes n'apparaissent plus dans le Bagad. La gamme autorisée se réduisait au bleu, au blanc, et au rouge - que l'on agença de diverses manières. Mais on ne vit plus, dans les grands défilés, dans les fêtes, ce beau Bagad de la Lande d'Ouée, tous instruments portant un petit drapeau breton, et, en tête de bagad, au centre, un immense gwenn-ha-du et, de chaque coté, un drapeau à croix noire, couleurs de l'armée bretonne. Mais je pensai - tant d'années plus tard - au Lieutenant Lescalier lorsque les pompiers de Rennes, en grève, défilaient sur trois rangs avec, en tête, trois pompiers en grand uniforme, avec le beau casque traditionnel brillant, celui du centre portant un grand gwenn-ha-du, et ses deux collègues, à ses cotés, portant le drapeau à croix noire. Je pensais m'être assuré d'une photographie, il y eut un ratage que je ne cesse depuis de regretter. Mais peut-être y a-t-il quelques part quelqu'un qui a fixé la scène. Ce serait une joie de la retrouver.

Per Denez


 

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