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L'origine du conflit |
En cette fin du XV éme siècle la France lorgne de plus en plus vers la Bretagne... Cette
convoitise n'est pas nouvelle, depuis toujours les rois de France n'ont eu de cesse que d'affaiblir le
pouvoir ducal en Bretagne, et Louis XI mène sa politique avec une habileté machiavélique !
Débarrassé de Charles le Téméraire qui trouve la mort lors du siége de Nancy en 1477, Louis
XI a les mains libres désormais pour se concentrer sur la Bretagne qu'il veut voir rattachée au plus
vite à son royaume. L'occasion lui en est donné quand il constate que François II n'aura pas
d'héritier male pour lui succéder. Hors depuis le Traité de Guérande, la loi salique a été introduite
en Bretagne. Selon cette loi à la mort du duc, l'héritage reviendra à l'héritier male de la Maison de
Penthièvre, mais le Penthièvre n'existe plus, le duc a démantelé cet apanage si souvent rebelle à
son autorité. Malheureusement, Louis XI possède les droits de cette Maison, il les a rachetés en
1480 à sa dernière héritier Nicole Dame de Penthièvre. Dés lors, le Parlement de Paris s'affronte
avec les États de Bretagne, le duc veut placer sa fille aînée Anne comme seule héritière du duché,
le roi de France menace, chicane, puis... Meurt !
Répit de courte durée pour la Bretagne, Anne de Beaujeu, fille de Louis XI est aussi perfide et
cynique que son père, étant régente de France, elle fera tant et bien pour que le conflit éclate...
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La Bretagne en 1488 |
La Bretagne n'est pas préparée pour ce nouveau conflit, le pays traverse une crise
économique qui paralyse le négoce. Si le commerce reste florissant en certain domaine (toile, vin, sel, métaux...) avec le reste
de l'Europe, par d'autres cotés il est mal mené par une concurrence très vive qui s'organise dans le
transport par mer. Dans le passé, la politique neutraliste des ducs de Bretagne avait favorisé
l'essor du commerce maritime, les bretons étaient devenus champions en la matière ! Mais
maintenant l'heure n'est plus à l'euphorie, le duc cherche des subsides pour financer la défense du
duché, gage à la hâte et de façon souvent inconsidérée les biens de son domaine personnel, les
bijoux de la Couronne sont aussi sacrifiés, enfin les levées d'impôts sont augmentées, les villes qui
se remettent à peine des précédentes guerres sont fortement "pressées" de subvenir à l'armement
et à l'entretien des murailles, ce quelles font comme elles le peuvent avec énergie et patriotisme
au prix d'un lourd endettement... (Rennes, Nantes)
La population attend le dénouement... La guerre va s'ajouter à d'autres fléaux dont elle est victime
à cette époque : famine, épidémie de peste (Nantes), de mauvaises années de récolte viennent s'ajouter au malheur ambiant !
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La France en 1488 |
La France a restauré sa puissance, débarrassée de sa voisine la Bourgogne, en paix
(provisoirement) avec l'Angleterre, elle peut désormais se consacrer toute entière à
l'anéantissement de la Bretagne !
Louis XI a habilement renforcé l'autorité de la Couronne de France à coups d'intrigues, de ruses et
d'alliances. Soudoyant sans aucuns scrupules les barons de Bretagne jaloux du pouvoir ducal, les
ralliant à sa cause en leurs promettant titres et domaines, il affaiblit du même coup l'autorité du
Prince de Bretagne. François II est trahi de toute part, les espions français organisent et trament
des débuts de révoltes, pour les évêques bretons, conseillers ducaux, Rohan, Rieux, l'or fait le
reste... |
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L'agression française |
Dés le 15 mai 1487 l'armée française franchi les marches de Bretagne, une campagne
foudroyante aura raison d'un grand nombre de place (Ancenis, Châteaubriant, La Guerche, Vannes,
Redon...) qui tombent sans résistance; Ploërmel résiste trois jours, puis tombe et subit alors un sac
terrible, l'effroi est grand... Nantes stoppe enfin les français, la ville bien préparée au siège tient
bon. Les français prendront encore quelques places avant l'hivers (Auray, Vitré, Dol, St Aubin du
Cormier), cependant que le Maréchal de Rieux fait volte face et revient avec ses hommes se ranger
sous la Bannière ducale !
L'espoir renaît dans les rangs bretons.
Au début de l'année 1488 les bretons remportent quelques succès, Vannes et plusieurs
châteaux sont repris. Mais en avril 1488, la campagne reprend, les français fortement armés
(artillerie, cavalerie lourde) se jettent sur les places bretonnes encore fidèles, Fougères voit ses
murailles tomber sous les coups terribles de l'artillerie française, le courage et l'héroïsme du
gouverneur breton Jean de Romillé et la garnison fougeraise ne pourront pas empêcher la prise de
cette cité, véritable "verrou stratégique" (19 juillet).
Enfin, le 28 juillet voit les deux armées s'affronter sur la lande située entre le village de
Mézières et la ville de St aubin. L'engagement durera 4 heures, l'armée de Bretagne inférieure en
nombre prend l'avantage, mais une erreur de tactique du détachement allemand venu en renfort de
l'armée bretonne permet à la cavalerie française de déborder et d'enfoncer les lignes de l'infanterie
bretonne. Dés ce moment l'issue du combat bascule, les bretons sont assaillis de toutes parts, les
hommes meurent en grand nombre, la rage d'en finir du coté français en est pour beaucoup... Le
Prince François II réussi une retraite avec une partie des troupes ducales, les fantassins bretons
luttent pieds à pieds et se font tuer sur place pour permettre au duc de s'échapper. Au soir de la
bataille, l'armée bretonne n'existe plus ! Les survivant sont décapités, la sauvagerie des français
n'épargne pas la noblesse qui périt également au mépris des règles de la chevalerie alors en
usage...
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Les suites de la défaite bretonne |
La Bretagne est battue... Le duc François II doit se résoudre à signer le Traité du Verger, ce
traité est en fait un véritable diktat stipulant que désormais le duc reconnaît la primauté du roi de
France, en outre le prince ne pourra marier ses filles (Anne et Isabeau) qu'avec l'accord du roi et
selon le choix de ce dernier ! François II ne peut supporter l'affront et meurt le 9 septembre, rongé
par le chagrin et la fatigue...
Anne succède à son père sur le trône de Bretagne. Le pays est dévasté. Ruine et misère sont le lot
de toute une population en proie aux rapines et saccages des routiers de tous camps… La jeune
souveraine (12 ans) possède de réelles qualités, intelligente, volontaire et aidé par un homme
remarquable : Philippe de Montauban, son conseiller si dévoué à la Bretagne. La jeune duchesse
tentera de sauver ce qui peut l'être encore !
En France Charles VIII devenu majeur reprend les hostilités et met le siége devant Rennes,
obligeant la souveraine bretonne à s'unir avec lui, cependant la Bretagne conserve son autonomie
et sa souveraineté propre. Plus tard encore, lors de son second mariage, Anne obtiendra la
confirmation et l'élargissement des intérêts du duché, son habile gestion ramène la prospérité…
Mais à sa mort (lundi 9 janvier 1514) la Bretagne n'est plus défendue ! Claude sa fille, anéantira
tous ses efforts d'un trait de plume, François Ier achetant les membres les plus influents des États
de Bretagne mettra fin à la souveraineté de la Bretagne par le Traité dit du Plessis Macé (1532).
On connaît la suite… |
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